Stef tresorier en chef
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| Sujet: Demians...2008 Jeu 3 Sep - 21:41 | |
| Étonnant premier essai que celui du chanteur, compositeur et multi-instrumentiste français Nicolas Chapel. Sous le nom de Demians (projet qui, en live, est représenté par un line-up complet incluant Michaël Roponus à la batterie, Antoine Pohu à la basse et Anthony Broggia aux samples), Chapel parvient solo en studio à un ensemble hypnotique et progressif d’une impressionnante fluidité, et au cœur duquel des éléments métalliques greffent leurs lourdeurs à une acoustique limpide ("Shine") et des orchestrations fines et senties. One-man band. OK. Tant de réussite donne à réfléchir, tout de même. Ce Chapel, s’il continue à travailler de la sorte, risque de s’attirer pas mal de faveurs. La vibration organique que retranscrit avec soin une production lissée mais extrêmement vivante, touche au cœur sur l’album, dont le titre pourrait être prémonitoire. Emotionnel, "Building An Empire" l’est assurément. Planant, aussi. Chapel vise une occupation parcimonieuse de l’espace, tout en parvenant à un rendu aéré, mélancolique et spontané : paisibles rivières de cordes (dont bénéficie la superbe structure de seize minutes de "Sand"), claviers éthérés, saturations extrêmement bien rendues (sans rechercher ici le poids de trop), Demians traduit avec brio, déjà, une sensibilité, et ce tout en restant dans une sobriété et une lisibilité musicale que, d’ici, on trouve assez confondantes. Chapel a du goût, de l’intelligence, il sait faire des sacrifices. Le jeune homme ne confond jamais mille éléments. Il préfère à cela une recherche atmosphérique passant par la mise en valeur des quelques éléments qui doivent l’être. Echelle de priorités, saquer ce qui doit l’être, ne garder que ce qui apporte, amène plus loin. Progressif à logique squelettique, sans sacrifice lyrique. Alors c’est simple. N’allez pas chercher là de fatras orchestral à la mords moi le bras. Les fréquences caressent, s’amalgament pour in fine forger un son des plus équilibrés, un son ressortant d’une orientation musicale moderne, énergique et intimiste à la fois et dominant les modes opératoires récents du ProgRock. Porcupine Tree en ligne de mire. "Building An Empire", dont le contenu a bénéficié de vraies amabilités verbales de la part du producteur et compositeur Steve Wilson, est dans la recherche des contrastes, au détriment des extrémités. Extrémité au sens de l’accumulation de masses sonores auxquelles on assimile trop fréquemment/facilement la démarche métallique. Celle de Chapel, elle, est bien loin de se résumer à ce satané Metal, puisque les saturations de ce dernier ne sont qu’un des arguments développés par la musique de Demians ("The perfect Symmetry"). Elles apparaissent pour ainsi dire assez modérément, fixant simplement le niveau d’ouverture dont notre homme, féru aussi de technologie, est capable. Les claviers joueront alors un rôle important dans cette création, sans jamais aseptiser l’ensemble. L’épure, elle, ira jusqu’au minimalisme (l’outro du même "Sand", qu’on aurait bien vu s’étaler encore un peu avant de se dissoudre dans le silence). Et Demians de construire, aux frontières des clartés de la musique pop, une approche contemporaine du Progressif. Elle saura trouver des émules. | |
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